Audio 25-ans-apres-le-divorce-tcheco-slovaque-nostalgie-ou-satisfaction ?
Le 1er janvier 1993, Tchèques et Slovaques, après avoir vécu ensemble dans un même pays pendant près de soixante-quinze ans, se sont réveillés dans deux nouveaux Etats séparés par une frontière. Premier directeur général de la Radio publique tchèque après la partition de l’Etat et des médias tchécoslovaques, Jiří Mejstřík explique comment les deux peuples en sont arrivés là :
« Nous avons toujours eu des relations très amicales avec nos collègues slovaques. C’est vrai que nous avions du mal à une certaine époque à comprendre l’élite intellectuelle slovaque qui affirmait : ‘Nous savons que la Tchécoslovaquie est un bon projet, nous sommes reconnaissants aux Tchèques de nous avoir aidés après l’effondrement de l’Autriche-Hongrie, mais nous voudrions tout de même être indépendants.’ Ils se portaient bien, certes, mais ils ne voulaient plus être dominés par Prague. Je peux les comprendre, même si cela ne m’empêche pas de regretter aujourd’hui encore ce qui s’est passé. »
Journaliste à Radio Prague, Václav Richter se souvient lui aussi :
« J’étais un fédéraliste convaincu. Bien sûr que j’étais contre la partition de la Tchécoslovaquie. Mais les choses se sont compliquées petit à petit. Le Parlement fédéral était complètement bloqué, car les parlements tchèque et slovaque n’arrivaient plus à s’entendre. La situation s’est progressivement détériorée et risquait de déboucher sur un conflit. C’est pourquoi j’ai moi aussi commencé à souhaiter la partition. J’ai souhaité qu’elle se passe d’une manière souple et rapide. »
Encore jeune homme au moment de la partition, Branislav fait partie de ces Slovaques qui ont souhaité leur indépendance. Aujourd’hui, il admet toutefois que le chemin qu’a dû parcourir cette nouvelle Slovaquie indépendante a été parsemé d’embûches :
« Nous avons dû établir notre monnaie nationale, améliorer nos infrastructures, les transports, mettre en place les pouvoirs législatifs et exécutifs, le système des autorités nationales. Il a fallu élire le premier président de la République. De plus, la division des biens communs a été complexe car les Tchèques étaient 10 millions tandis que nous, Slovaques, étions deux fois moins nombreux. Cela a concerné aussi les minorités nationales. »
« J’étais contre la partition, mais personne ne m’a demandé mon avis », constate une autre Slovaque, Zuzana, âgée aujourd’hui de 60 ans. Elle aussi fait état des difficultés traversées par son pays après la division de la Tchécoslovaquie :
« Il faut féliciter les Slovaques qui s’en sont très bien sortis, car au moment de la partition, le manque de moyens financiers en Slovaquie était palpable. Prenons l’exemple de la diplomatie. Pratiquement toutes les anciennes ambassades tchécoslovaques ont été récupérées par la Tchéquie. Idem dans le domaine de l’aviation : quasiment tous les avions sont restés en République tchèque. La Slovaquie a subi de grosses pertes dans le secteur industriel. En Slovaquie centrale, les usines les plus importantes ont fermé et le chômage est monté en flèche. »
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